La liberté de la presse mondiale s'est détériorée en 2015, en particulier dans les Amériques, a déclaré mercredi le groupe de défense Reporters sans frontières en publiant son classement annuel, mettant en garde contre «une nouvelle ère de propagande».
Le World Press Freedom Index classe les pays 180 selon des indicateurs tels que l’indépendance des médias, l’autocensure, l’état de droit, la transparence et les abus.
Le rapport de cette année a mis en garde contre un climat de peur qui a vu les dirigeants mondiaux «développer une forme de paranoïa à propos du journalisme légitime».
Christophe Deloire, secrétaire général du groupe basé à Paris, a déclaré à l'AFP qu'il y avait eu un déclin dans toutes les régions du monde, l'Amérique latine étant particulièrement préoccupante.
«Tous les indicateurs montrent une détérioration. De nombreuses autorités tentent de reprendre le contrôle de leur pays, craignant un débat public trop ouvert », a-t-il déclaré.
«Aujourd'hui, il est de plus en plus facile pour les pouvoirs de faire appel directement au public grâce aux nouvelles technologies, et il y a donc un plus grand degré de violence contre ceux qui représentent des informations indépendantes», a-t-il ajouté.
«Nous entrons dans une nouvelle ère de propagande où les nouvelles technologies permettent la diffusion à faible coût de leur propre communication, de leurs informations, comme dicté. De l'autre côté, ce sont les journalistes qui se mettent en travers.
La situation est particulièrement grave en Amérique latine, selon le rapport, soulignant la «violence institutionnelle» au Venezuela et en Équateur, le crime organisé au Honduras, l'impunité en Colombie, la corruption au Brésil et la concentration des médias en Argentine comme les principaux obstacles à la liberté de la presse.
La Syrie figurait parmi les pays les moins bien classés, à la 177ième place sur 180, juste au-dessous de la Chine (176th) mais au-dessus de la Corée du Nord (179th) et de l’Érythrée au dernier rang.
Le Japon s'est effondré à 72nd à cause de ce que le chien de garde a qualifié d'autocensure envers le Premier ministre Shinzo Abe, tandis que la Finlande a conservé sa première place au classement pour la sixième année consécutive, suivie des Pays-Bas et de la Norvège.
- L'Europe en 'descente' -
Alors que l'Europe restait la région où la liberté de la presse était la plus grande, Reporters sans frontières a averti que le détournement des mesures antiterroristes et de contre-espionnage et les conflits d'intérêts l'avaient mis sur «une voie descendante».